Dr Hervé AUQUIER – Médecin du sport – 1200 Bruxelles
Depuis une bonne quinzaine d’années, la thérapie par ondes de choc fait partie des « outils » de la prise en charge des tendinites chroniques. Si elle est connue depuis longtemps en Allemagne et en Suisse, cette technique est encore peu répandue chez nous.
Ce début de XXI siècle a vu de grands progrès dans la prise en charge des tendinopathies. La tendance est nettement à l’action mécanique sur la structure du tendon et l’approche biomécanique de son bon fonctionnement. La composante inflammatoire étant relativement peu importante dans les tendinites, les traitements anti-inflammatoires oraux sont souvent très peu efficaces. Les infiltrations de dérivés cortisoniques n’ont absolument aucune action favorable sur la structure tendineuse. Pire, la cortisone est corrosive pour les tendons. Elle est malheureusement encore abondamment utilisée malgré le fait qu’elle ait grevé de nombreux effets secondaires (fissures, rupture). On change parfois difficilement de vieilles habitudes!
Petite sœur de la lithotripsie, technique utilisée depuis les années 80 pour traiter les calculs rénaux, la thérapie par ondes de choc est basée sur le même principe : amener une forte augmentation de pression au cœur des tissus à traiter. Cette augmentation de pression, nous le verrons plus loin, va enclencher une série de transformations physiques et chimiques au niveau du tendon et de son insertion sur l’os.
Il existe deux types d’ondes de choc : Pour la première, appelée ESWT (extracorporeal shock wave therapy), l’onde est sonore et créée par des phénomènes piézo-électriques, électro-magnétiques ou électro-hydrauliques. L’onde créée est très puissance puisqu’elle peut atteindre 1000 bars, elle est très courte dans le temps, de l’ordre de 30 nanosecondes et son épicentre se trouve en profondeur. Cette technique nécessite une anesthésie locale et, étant donné son caractère très focal, un repérage échographique est nécessaire. La deuxième technique, appelée RSWT (radial shock wave therapy) est différente. L’onde de chocs (mécanique) est créée par une masse propulsée par air comprimé. Dans ce cas, l’augmentation de pression est maximale au niveau de la peau (1 à 10 bars) et diffuse de façon conique en profondeur en perdant progressivement de son intensité. Son intensité est plus faible,mais la durée de l’onde est beaucoup plus grande, environ 5 millisecondes. Etant moins douloureuse, elle ne nécessite pas d’anesthésie locale. Par ailleurs son champ d’action étant plus large, une assistance échographique n’est pas nécessaire. Par contre, cette dernière technique nécessitera 6 à 8 séances là où la ESWT n’en nécessite qu’une ou deux.